Tribune
Pour une politique économique sérieuse et à la hauteur des enjeux, votons Mélenchon
Plus
d'une centaine d'économistes de dix-sept pays à travers le
monde appellent les citoyens à se prononcer, dimanche, pour le
candidat de La France insoumise.
- Pour une politique économique sérieuse et à la hauteur des enjeux, votons Mélenchon
Alors
que la France n’est toujours pas sortie de la stagnation économique
qui fait suite à la crise de 2007-2008, Emmanuel Macron et
François Fillon veulent poursuivre et intensifier les politiques de
coupes dans les dépenses publiques, de démantèlement de l’Etat
social et du droit du travail, menées sans relâche par les
gouvernements précédents. Ces politiques ne servent que les plus
riches. Elles ne conduisent qu’à plonger le pays dans le cercle
vicieux du chômage et de la précarité, terreau de la montée du FN
dont le faux vernis social peine à cacher la nature profondément
raciste et xénophobe et l’incohérence des propositions
économiques.
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A
l’inverse, les solutions proposées par Jean-Luc Mélenchon sont, à
nos yeux, les seules capables de répondre aux cinq urgences
majeures de notre temps. Elles forment un
cadre cohérent et rigoureusement chiffré
qui tient compte des équilibres budgétaires, non pas en se lançant
dans une course à l’austérité, mais en proposant un programme
économique précis et ambitieux reposant sur une plus grande justice
fiscale, une politique d’investissement et une émancipation
vis-à-vis des marchés financiers.
Correctement
proportionné
La
première urgence consiste à faire baisser le chômage, qui s’élève
aujourd’hui à 10% de la population active et à 25% chez
les jeunes actifs. A cet égard, il faut dégager des marges de
manœuvre en mettant fin à une dépense inutile et préjudiciable
pour la collectivité : la dépense fiscale. Le pacte de
responsabilité et le CICE, qui coûteront 41 milliards
d’euros aux contribuables en 2017, sont totalement
inefficaces en matière d’emploi.
En situation d’insuffisance de la demande en France et en Europe,
et face au sous-investissement chronique pendant le quinquennat
Hollande, l’urgence est à une ambitieuse politique de relance pour
stimuler l’activité. Sur ce point, le plan d’investissement
de 100 milliards d’euros sur cinq ans proposé par
Jean-Luc Mélenchon est correctement proportionné. Il focalise à
raison la dépense sur des secteurs essentiels à fort coefficient
multiplicateur (transition énergétique, infrastructures scolaires,
transports publics, santé, etc.) et qui ne sont pas ou peu
soumis à la concurrence internationale ; ces critères
garantissent son efficacité comme son financement, conformément aux
préconisations d’un récent rapport sur ce thème (Xavier
Ragot et Francesco Saraceno dir., «Investissement public, capital
public et croissance», 2016, OFCE).
Pour
sortir de l’austérité budgétaire et salariale, des mesures comme
la revalorisation du Smic, des retraites ou des minima sociaux, ainsi
qu’une véritable politique d’égalité salariale femmes-hommes,
sont également plus que nécessaires. Combinée à un ambitieux plan
de réduction du temps de travail (sixième semaine de congés payés,
application effective des 35 heures, limitation du temps
partiel imposé…), la
politique d’employeur en dernier ressort de l’Etat et des
collectivités publiques
proposera une formation et un emploi de qualité à haute valeur
ajoutée sociale (construction d’infrastructures, travail avec les
associations à but non lucratif, contribution à la transition
écologique…) à toute personne voulant et étant capable de
travailler : les chômeurs, les personnes qui ont abandonné
la recherche d’emploi, les personnes insatisfaites de leur activité
à temps partiel, etc.
En
agitant le chiffon rouge de l’augmentation des dépenses, les
détracteurs de Jean-Luc Mélenchon omettent de nous dire que les
nouvelles coupes qu’ils entendent effectuer se traduiront par une
nouvelle hausse du chômage et une dégradation des services publics.
En engageant un plan de relance que la France et l’UE auraient dû
initier depuis longtemps, les rentrées fiscales générées feront
au contraire baisser l’endettement public, nous permettant ainsi
sortir du piège mortifère de la dette engendrée par les politiques
d’austérité.
Révolution
fiscale précise et cohérente
La
deuxième urgence à laquelle la France doit répondre consiste à
enrayer le creusement des inégalités qui intervient depuis les
années 90, à mettre fin à l’augmentation vertigineuse des
patrimoines des plus riches et à remédier à l’injustice de notre
système fiscal. Les inégalités affectent les ménages aussi bien
que les entreprises, dont
la taxation effective est beaucoup plus élevée pour les PME que
pour les grands groupes.
Une société plus égalitaire est plus heureuse et plus
démocratique. A ce sujet, le programme porté par Jean-Luc Mélenchon
prévoit une révolution fiscale précise et cohérente, tant pour
les ménages (meilleure progressivité de l’impôt sur le revenu
grâce à l’augmentation du nombre de tranches, de cinq à quatorze)
que pour les entreprises (baisse de l’impôt sur les sociétés à
25% pour toutes les entreprises, couplée à l’abrogation de
nombreuses niches fiscales), ainsi qu’un relèvement de
l’imposition du capital. Seule une telle refonte du système fiscal
corrigera les phénomènes de rente et la captation des richesses par
une minorité, toujours plus restreinte, de privilégiés.
La
troisième urgence est industrielle. Il s’agit de combattre la
financiarisation de l’économie qui a causé des dommages
importants à notre tissu productif et, partant, au secteur
tertiaire, souvent dépendant des industries. Pour que nos industries
puissent monter en gamme, la dotation et les missions de la Banque
publique d’investissement devront être étendues. L’octroi des
crédits et les prises de participation doivent sortir de la stricte
logique de la rentabilité financière pour privilégier une vision à
long terme. Le contrôle du système bancaire français par la Banque
de France doit être renforcé et la séparation des banques
d’affaires et de dépôt doit être appliquée sans tarder. Les
mouvements de capitaux spéculatifs doivent être contrôlés pour
que la spéculation cesse de nuire à l’investissement.
L’entreprise
doit être refondée et doit avoir comme finalité de produire des
biens et des services dans l’intérêt commun de l’ensemble des
parties prenantes et non des seuls actionnaires et propriétaires. Le
fait de donner à l’entreprise un autre objectif que le seul profit
permet de remettre en question la notion, non fondée en droit, de
«propriété de l’entreprise», et de faire en sorte que le
pouvoir d’entreprendre ne provienne plus de la seule propriété
des capitaux. Dans un premier temps, cela passera par l’extension
des droits des salariés : droit de veto suspensif du comité
d’entreprise sur les procédures de réorganisation et de
restructuration ; véritable droit de préemption des salariés
en cas de fermeture ou de vente de l’entreprise par les
actionnaires.
Convaincante
stratégie de désobéissance
Face à
l’urgence environnementale et climatique (voir le cinquième
rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution
du climat de novembre 2014), notre pays doit se donner les
moyens de mener une transition écologique crédible et de grande
envergure. Une telle bifurcation de notre modèle de production doit
nécessairement être amorcée par l’investissement public et
requiert une consommation de meilleure qualité. Elle implique de
rompre avec la logique financière court-termiste des trois dernières
décennies, qui détruit des emplois, brise des millions de vies et
contribue à détériorer l’environnement. A cet égard, la
planification écologique proposée par Jean-Luc Mélenchon, adossée
à la réorientation du crédit et à la constitution d’un pôle
public bancaire, est essentielle. Elle améliorera la santé de
l’ensemble de la population en augmentant la qualité des biens
nécessaires. Dans cette optique, des mesures comme le 100% bio
dans les cantines ou la priorité accordée au local sont
emblématiques.
Enfin,
il est urgent de transformer en profondeur l’absurde édifice des
traités européens, qui dépossède les Etats de leurs leviers de
politique macroéconomique, les accule à une course au moins-disant
social et écologique et à une régression sans fin. Le carcan des
traités actuels interdit toute politique de relance et toute
politique industrielle, pourtant plus indispensables que jamais pour
faire face aux urgences économique, sociale et écologique. La
monnaie unique, incomplète, impose aux Etats des ajustements de
compétitivité très douloureux sur les plans social et économique.
En
Europe, seul l’établissement d’un rapport de force crédible
peut permettre d’obtenir une réforme d’ampleur de l’Union
économique et monétaire qui garantisse enfin le progrès social et
la convergence par le haut pour les peuples européens. Jean-Luc
Mélenchon assume sur ce point une convaincante stratégie de
désobéissance et de dissuasion. En France, son gouvernement prendra
toutes les mesures unilatérales nécessaires à la mise en œuvre de
son programme, en s’affranchissant autant que nécessaire de
l’application stricte des traités. L’édifice institutionnel
européen pourra alors être refondé, et l’euro complété afin de
garantir une convergence
réelle entre les économies.
A défaut, et pour éviter un effondrement à venir, il faudra oser
sortir de l’euro pour mieux sauver l’Europe.
En
répondant aux cinq urgences économiques majeures de notre
temps, le programme économique de Jean-Luc Mélenchon nous donne
aujourd’hui l’occasion historique de prouver qu’il y a des
alternatives sérieuses, crédibles et désirables aux politiques
absurdes menées avec acharnement lors des dernières décennies. Ce
programme se réalisera dans le cadre d’une révolution
démocratique, soutenue par la mise en place d’une assemblée
constituante. Notre pays a aujourd’hui l’opportunité unique de
renverser la logique mortifère qui mène l’Europe à l’implosion
et de redonner un sens et du souffle au projet européen.
Saisissons-la !
Parmi
les premiers signataires :
Abecassis
Philippe
(Université Paris-XIII)
Alary
Pierre
(Université Lille-I)
Aldred
Jonathan
(University of Cambridge)
Alonso
Gallo Nuria
(Universidad Rey-Juan-Carlos, Madrid)
Altzinger
Wilfried
(University of Economics and Business, Vienna)
Amable
Bruno
(Université Paris-I)
Appelqvist
Orjan
(University of Stockholm)
Assous
Michael
(Université Paris-I)
Auvray
Tristan
(Université Paris-XIII)
Bachet
Daniel
(Université d’Evry)
Baron
Olivier
(Université de Bordeaux)
Bastos
Pedro Paulo Zahluth
(Universidade de Campinas)
Batifoulier
Philippe
(Université Paris-XIII)
Bédu
Nicolas
(Université d’Artois)
Bénicourt
Emmanuelle
(Université de Picardie)
Berr
Eric
(Université de Bordeaux)
Berrou
Jean-Philippe
(Sciences-Po Bordeaux)
Bhaduri
Amit
(Università di Pavia)
Bousseyrol
Marc
(Sciences-Po)
Bruyère
Mireille
(Université Toulouse-II)
Carvalho
Laura
(Université de São Paulo)
Cayla
David
(Université d’Angers)
Chang
Ha-Joon
(University of Cambridge)
Clévenot
Mickaël
(Université de Bourgogne)
Concialdi
Pierre
(Ires)
Cordonnier
Laurent
(Université Lille-I)
Coris
Marie
(Université de Bordeaux)
Da
Silva Nicolas
(Université Paris-XIII)
Dallery
Thomas
(Université du Littoral)
De
Conti Bruno
(Universidade de Campinas)
Dellemotte
Jean
(Université Paris-I)
Demirovic
Alex
(Goethe University, Frankfurt am Main)
Dimsky
Gary
(Leeds University Business School)
Diop
Amadou Makhourédia
(Université de Thiès, Sénégal)
Domin
Jean-Paul
(Université de Reims)
Dörre
Klaus
(Friedrich Schiller University, Iéna)
Douai
Ali
(Université de Nice)
Durand
Cédric
(Université Paris-XIII)
Dutt
Amitava
(University of Notre Dame, USA et FLACSO, Equateur)
Ehnts
Dirk
(Technical University Chemnitz)
Elsner
Wolfram
(University of Bremen)
Etievant
Guillaume
(expert auprès des CE)
Evans
Trevor
(Berlin School of Economics and Law)
Eydoux
Anne
(CEET, CNAM)
Fall
François
(Université de Toulouse)
Fine Ben
(School of Oriental and African Studies (SOAS) Londres)
Fontana
Giuseppe
(University of Leeds)
Friedman
Gerald
(University of Massachusetts, Amherst)
Gadreau
Maryse
(Université de Bourgogne)
Généreux
Jacques
(Sciences-Po Paris)
Ghirardello
Ariane
(Université Paris-XIII)
Gillig
Philippe
(Université de Strasbourg)
Guerrien
Bernard
(Université Paris-I)
Gun
Ozgur
(Université de Reims)
Guy
Yann
(Université Rennes-II)
Harari-Kermadec
Hugo
(ENS Paris-Saclay)
Harnay
Pétronille
(Ifsttar)
Harribey
Jean-Marie
(Université de Bordeaux)
Hoang
Ngoc Liem
(Université Paris-I)
Husson
Michel
(Ires)
Isla
Anne
(Université de Toulouse)
Issehnane
Sabina
(Université Rennes-II)
Jäger
Johannes
(University of Applied Sciences BFI Vienna)
Jespersen
Jesper
(Roskilde University)
Kapeller
Jakob
(University of Duisburg-Essen)
Keen
Steve
(Kingston University)
Khalfa
Pierre
(ancien membre du Conseil économique, social et environnemental)
Kinsella
Stephen
(University of Limerick)
Konzelmann
Suzanne
(London Centre for Corporate Governance and Ethics)
Lahille
Eric
(Université Paris-Est)
Lang
Dany
(Université Paris-XIII)
Lapavitsas
Costas
(London School of Economics)
Lavoie
Marc
(Université Paris-XIII)
Légé
Philippe
(Université de Picardie)
Lizé
Laurence
(Université Paris-I)
Longuet
Stéphane
(Université de Picardie)
Luengo
Fernando
(Universidad Complutense, Madrid)
Marie
Jonathan
(Université Paris-XIII)
Marques
Pereira Jaime
(Université de Picardie)
Mason
Paul
(Auteur de Postcapitalism,
a Guide to Our Future)
Math
Antoine
(Ires)
Mattei
Clara Elisabetta
(New School for Social Research, New York)
Maucourant
Jérôme
(Université Jean-Monnet, Saint-Etienne)
Mello
Guilherme Santos
(Université Campinas)
Montalban
Matthieu
(Université de Bordeaux)
Morin
François
(Sciences-Po Toulouse)
Olguin
Alfredo
(Universidad Nacional Autónoma de México)
Ötsch
Walter
(Cusanus Hochschule, Institut of Economics)
Palloix
Christian
(Université de Picardie)
Palombarini
Stefano
(Université Paris-VIII Saint Denis)
Parel
Véronique
(Université Paris-I)
Pessa
Gonçalo
(Banco de Portugal)
Pignol
Claire
(Université Paris-I)
Piluso
Nicolas
(Université Toulouse-III)
Poinsot
Philippe
(Université Paris-I)
Pollin
Robert
(University of Massachusetts, Amherst)
Ponsot
Jean-François
(Université de Grenoble)
Prates
Daniela Magalhães
(Université Campinas)
Raghavendran
Srinivasan
(National University of Ireland Galway)
Ramaux
Christophe
(Université Paris-I)
Rigaudiat
Jacques
(Ex-conseiller de Rocard et de Jospin)
Rísquez
Ramos Mario
(Economistas sin Fronteras Foundation)
Rocha
Marco Antonio M.
(Université Campinas, Brésil)
Rochon
Louis-Philippe
(Université de Sudbury, Canada)
Rossi
Pedro
(Université Campinas, Brésil)
Rossi
Sergio
(Université de Fribourg, Suisse)
Salais
Robert
(Ecole normale supérieure, Paris-Saclay)
Saludjian
Alexis
(Université de Rio de Janeiro)
Sawyer
Malcolm
(University of Leeds)
Scholz-Wäckerle
Manuel
(University of Economics and Business, Vienna)
Seppecher
Pascal
(Université Paris-XIII)
Setterfield
Mark
(New School for Social Research, New York)
Shaikh
Anwar
(New School for Social Research, New York)
Skidelsky
Robert
(Warwick University)
Solipa
Carvalho Izaura
(Portuguese Association of Political Economy, Apep)
Steinhardt
Paul
(Editor Makroskop, Wiesbaden, Germany)
Stockhammer Engelbert
(Kingston University, Kingston Upon Thames) UK
Treillet
Stéphanie
(Université Paris-Est Créteil)
Tridico
Pasquale
(University Roma-III)
Trillo
David
(Universidad Rey Juan Carlos, Madrid)
Tymoigne
Eric
(Lewis and Clark College, Portland)
Vakulabharanam
Vamsi
(University of Massachusetts, Amherst)
Vallageas
Bernard
(Université Paris-Sud)
Veronese
Passarella Marco
(University of Leeds)
Vicent
Valverde Lucía
(Universidad Complutense, Madrid)
Vilariño
Ángel
(Universidad Complutense, Madrid)
Villemot
Sébastien
Vivien
Franck-Dominique
(Université de Reims)
Zezza
Gennaro
(University of Cassino)
Zinn
Karl Georg
(RWTH Aachen)
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