Si
le climat était une banque, il y a longtemps qu’il serait sauvé !
Explication
des conséquences du réchauffement. Tout mettre en œuvre pour
contrer la dégradation.
A
l’heure de la conférence mondiale sur le climat de Paris (COP 21),
tout doit être fait pour réduire les émissions de gaz à effet de
serre et limiter le réchauffement global à moins de 2°C d’ici
2050.
Pourquoi
2°C ? Parce qu’au-delà de ce seuil, les conséquences pour
les populations humaines, l’agriculture ou les écosystèmes
naturels seront importantes. Les pays et les populations les plus
pauvres en subiront directement les conséquences.
Les
épisodes d’inondations, tempêtes, tornades risquent de se
multiplier. Les répercussions sur l’agriculture seront telles
qu’il sera difficile d’assumer l’alimentation de l’ensemble
de la population mondiale.
Les
impacts des changements climatiques pourront toucher notre santé,
notre production agricole, nos zones côtières qui souffrent
d’érosion, nos économies, etc.
Pour
réduire les gaz à effets de serre nous devons réduire la
consommation globale d’énergie, en changeant les systèmes
d’approvisionnement et de production et en développant
massivement les énergies renouvelables.
Nous
devons revoir nos modes de vie et de productions sans que cela se
fasse au détriment des plus pauvres !
Le
réchauffement climatique est principalement causé à 50% par
l’émission de CO2 et à 30% par le méthane. 40% des gaz à effets
de serre émis restent dans l’atmosphère. 30% est absorbé par
l’océan. 30% par la végétation.
En
France, la répartition des sources de Gaz à effets de Serre (GES)
est la suivante :
- Transports 28%
- Agriculture 21%
- Logement 17%
- Industrie 17%
- Energie 12%
- Traitement des déchets 5 %
La
France a baissé de près de 10% ses émissions entre 1990 et 2012.
C’est insuffisant au regard des enjeux !
La
lutte pour la réduction des émissions de gaz à effet de serre doit
donc viser :
- à infléchir des choix faits précédemment,
- et entrer dans une nouvelle vision partagée au service de l’intérêt général, répondant aux besoins de tous et ne pénalisant pas les classes populaires.
Ces
choix doivent être faits dans le cadre d’une politique
volontariste de tous les acteurs économiques et de toutes les
collectivités territoriales. Régionalement, nous pouvons agir dans
différents domaines et juger l’ensemble de nos propositions à
l’aune de ces impératifs.
Nous
retrouverons dans les différents autres chapitres nos propositions
déclinées pour chaque domaine. Ci-dessous, nous soulignons dans
deux domaines les principes qui doivent en ressortir.
Premier
domaine concerné : les transports.
C’est
le seul domaine qui a continué à progresser ces dernières années
en termes d’émission de gaz à effet de serre.
Nous
luttons au quotidien pour des transports collectifs accessibles par
tous au nom du droit au déplacement.
- Jusqu’à aujourd’hui, par le biais des transports collectifs, la société rend service à la population en lui offrant des possibilités de déplacements,
- mais il nous faut comprendre que dès demain c’est le citoyen qui emprunte les transports collectifs qui rendra service à la société.
L’incitation
tarifaire doit donc devenir la règle pour tous. Et dans ce cadre, la
notion de gratuité prend tout son sens à l’exemple de
Dunkerque, gratuit le week-end actuellement et en totalité dès
2018, ou à celui de Tallin en Estonie, ville de 400 000
habitants.
Cela
implique également des investissements pour développer le transport
collectif et de combattre la fermeture de lignes, comme par exemple,
pour le train, entre Ascq et Orchies.
Le
mode de transport des marchandises doit également être revu
pour infléchir la vision qui prédomine actuellement, favorisant le
camionnage. Il s’agit d’organiser les déplacements
- pour les rendre moins émetteurs de gaz à effet de serre
- et en tenant compte de leur coût réel, du fait des coûts induits (infrastructure, gaz à effet de serre, pollution, santé…).
A
ce titre, le transport du fret par la voie fluviale et le
ferroutage doit être encouragé pour devenir la règle. Dans ce
cadre, des lignes de ferroutage comme le Boulou/Calais doivent être
développées.
Les
choix et les efforts des Collectivité territoriales doivent donc
converger dans ce sens pour faciliter un véritable maillage de notre
nouvelle région et ne pas être contre-productifs à l’image de
l’augmentation de la TVA de 5,5% à 10% pour les transports
collectifs ou la fin de la gratuité partielle pour certaines
catégories de la population comme à Lille.
Objectif
sous-jacent : relocalisation de la production
Nous
devons favoriser la consommation et la production locale. Le système
économique actuel basé sur une logique de réduction des coûts
favorise la fabrication ou la transformation à l’étranger de
biens de consommation que nous pourrions produire localement.
Produire localement,
- c’est éviter le déplacement des marchandises.
- C’est également tourner le dos à une politique économique qui ne s’embarrasse pas des coûts induits en terme d’écologie et de gaz à effet de serre; coûts que la collectivité devra assumer chèrement plus tard.
En
outre, cette logique de production à bas-coûts est destructrice
d’emplois locaux.
La
relocalisation concerne les différents aspects de l’activité
économique et industrielle en la liant étroitement à des
impératifs sociaux et écologiques.
Dans
ce cadre, et au niveau de l’agriculture,
- Des collectivités territoriales doivent s’engager à permettre la mise en place d’une logique de cycles courts, par exemple par la création d’une coopérative d’achat de produits régionaux de qualité pour la restauration des lycées ou des restaurants d’entreprises, en augmentant la part du biologique favorisant la proximité et l’agriculture paysanne, garantissant un prix juste, ou au niveau des communes par le maintien de ceintures vertes à destination, par exemple, des cantines scolaires,
Favoriser
cette logique :
- c’est favoriser une agriculture paysanne de qualité, à l’opposé du modèle libéral des fermes industrielles qui absorbent l’activité économique au détriment des petits agriculteurs,
- c’est favoriser le maintien de l’emploi sinon son développement dans le domaine de l’agriculture et de l’élevage.
Deuxième
domaine : l’isolation thermique des bâtiments :
Les
habitants de notre région seront heurtés de plein fouet par la
hausse du coût de l’énergie et la dérégulation du climat. Nous
devons aller dans le sens d’une sobriété de nos consommations
favorisant la transition énergétique. Cela suppose des
investissements dans l’isolation thermique des bâtiments du
logement social et collectif, ainsi que dans l’habitat individuel.
Beaucoup, frappés par les politiques d’austérités, ne pourront
faire face.
Nous
devons organiser ce domaine en favorisant la création, par exemple
de pôles de développement, mêlant emploi, habitat et service
public à l’échelle des bassins de vie, dans un sens de
solidarité.
Il
s’agit également de favoriser les énergies alternatives, non
émettrices de Gaz à effet de serre et donc de diminuer le recours
aux énergies fossiles. Des voies nouvelles sont à explorer
par exemple : les énergies solaire, petit éolien (ou
éolien urbain), la biomasse, le biogaz, l'hydrogène,
l'hydroélectricité et l'énergie marine, la géothermie profonde…
Les
conséquences des gaz à effet de serre : la montée des eaux et
de l’augmentation des précipitations
Dans
les simulations actuelles, la montée d’1 mètre du niveau de la
mer tend à rendre à la mer les territoires autrefois recouverts à
marée haute, pris par l’homme par drainage des terres, les
wateringues. Déjà, la Région renforce certaines digues (digues des
alliés à Dunkerque, 1,5 millions de m3 de sable) pour lutter contre
la montée des eaux.
Mais
cela ne suffit pas, car il s’agit pour notre région de remédier
aux problèmes qui s’imposeront à une grande zone qui part de
Calais jusqu’à la Belgique s’étirant en pointe vers St Omer.
Les digues protègent et les canaux irriguent, mais il faut pomper.
Les eaux de ruissellement et crues menacent. Surtout si les
précipitations augmentent (de 20 à 40% en 2050 selon les
prévisions).
C’est
un triangle de 100 000 hectares, une population de 450 000
habitants et de nombreux sites seveso (dont la centrale de
Gravelines) Les prévisions donnent pour 2050 entre 30 et 80 cm
de montée du niveau de la mer. Les marées basses étant de plus en
plus hautes, les périodes propices à l’évacuation des eaux vont
se raréfiées.
Selon
les scientifiques, il faudrait augmenter de moitié le pompage pour
faire face à la montée de 30 cm du niveau de la mer et de
l’augmentation des précipitations (ref. : Yves
Fouquart, professeur à l’université de Lille, co
rédacteur du rapport du GIEC, coordinateur du CERCLE, collectif
d’expertise régionale pour le climat et son évolution, comité de
scientifiques mis en place par la Région.) mais ils soulignent
que le système actuel est utilisé à 100% de sa capacité lors de
certains épisodes. Il faut donc se réorganiser.
Concernant
le drainage du territoire, le comité de scientifiques préconise:
-
Soit d’augmenter la capacité de pompage vers la mer (augmentation
importante du cout de fonctionnement : 4,5 millions par an
actuellement)
-
Soit d’ augmenter la capacité de stockage dans les canaux
existants, ce qui implique l’abandon de terres lors de fortes
précipitations, de façon maitrisée, pour éviter l’inondation de
zones urbaines et industrielles. (à l’exemple de la Belgique et
des Pays-Bas), ce qui diffère le rejet vers la mer.
Cela
implique donc des choix quant aux terres à sacrifier.
On
est également dans une potentialité de réfugiés climatiques au
sein de notre région !
A-t-on
le temps de voir venir ? Où faut-il étudier d’autres actions
préventives ? D’autres investissements sont-ils à
mettre en place? La question est à étudier avec nos voisins belges
et néerlandais. Nous devons mettre en place une politique
volontariste allant dans ce sens.
Nous
proposons la mise en place d’une instance régionale et
internationale, en liaison avec les scientifiques, les citoyens, les
associations et les acteurs économiques, pour la mise en place d’un
plan et d’un fonds susceptibles de répondre aux
conséquences de la montée des eaux et de l’augmentation des
précipitations. La question est prendre au sérieux. Aujourd’hui,
c’est déjà demain.
En
conclusion,
nos
choix seront éclairés par notre double volonté de lutter contre
les inégalités sociales et les gaz à effets de serre. La voie que
nous préconisons est riche d’emplois potentiels. La recherche doit
être orientée vers ces objectifs.
Nous
porterons collectivement, et en liaison avec les citoyens,
l’impératif d’une société qui réponde aux besoins de tous,
favorisant l’intérêt général et reposant sur des services
publics. Nos investissements, conditionnés à des impératifs
sociaux et écologiques, iront en ce sens, loin des fausses réponses
d’un capitalisme vert que nous entendrons dans le cadre de la
conférence de la COP21.
Notre
volonté est de participer, en liaison avec les citoyens, à la
construction d’un nouveau modèle économique, social et écologique
qui place l’être humain et la planète au cœur de tous ses choix.
Pierre-Yves
Pira
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