Le député sortant de
notre circonscription et son suppléant, qui fut également député
à certains moments, ont déclaré à France 3 qu’eux-seuls
connaissaient les dossiers et qu’ils avaient travaillé sur les
gros dossiers économiques de chacune des communes, aucun autre
candidat ne pouvant en dire autant…
Effectivement, au-delà
de l’élaboration et du vote des lois, le député, de par son
mandat, est un interlocuteur privilégié des citoyens, des
associations, des Maires et des élus, des services de l’Etat, et
il doit se préoccuper du développement économique, social et
culturel de sa circonscription. Et il peut faire avancer des
dossiers. C’est son travail.
Bien sûr, s’il cumule
de nombreux mandats successifs, il peut avoir l’impression d’avoir
été le seul à travailler sur ces aspects économiques depuis de
longues années - un quart de siècle parfois par mandat -, et s’il
cumule en plus d’autres mandats locaux (Maire, président de SIVOM,
Vice-président de Métropole, etc…), il peut également avoir
l’impression de rencontrer un nombre d’interlocuteurs réduits,
surtout si ceux-ci cumulent également, et d’avoir le sentiment
d’être d’autant plus seul à porter les gros dossiers
économiques. Ce sentiment n’est-il pas tout simplement lié à
cette concentration de pouvoirs, parfois en famille, dans la durée ?
Si l’on comprend bien
les propos tenus, le Député sortant est le seul expert qualifié de
sa circonscription. Le seul avec son suppléant d’alors, candidat
maintenant. Mais pourquoi donc organiser des élections si les
autres n’y connaissent rien ?
C’est pourtant le rôle
des élections de favoriser une alternance politique. Bien entendu,
il y aura une phase de prise en main pour le nouveau député. Mais
pourquoi supposer par avance que celui-ci ne maîtrisera rien ?
Enfin, on aurait plutôt
imaginé que le travail à faire en direction de tous les citoyens
pour animer le débat démocratique local aurait pu avoir comme
support ces gros dossiers économiques. De même, avec les conseils
consultatifs par-ci ou par-là, à moins de croire qu’ils ne sont
que coquilles vides.
Le fonctionnement de
notre démocratie est décidément perfectible, nous aspirons à
l’élaboration avec les citoyens d’une VIème République. Le
travail de l’élu est essentiel pour permettre aux citoyens de
s’approprier les problématiques locales et voter en connaissance
de cause. L’expertise, elle, doit se construire collectivement.
Pierre-Yves Pira